Le 1er SKEMA Business Day, organisé le 07 octobre dernier sur le Campus Grand Paris, a rassemblé plus d’une vingtaine d’entreprises partenaires de SKEMA lors d’une matinée d’échanges orientée autour de l’intelligence artificielle et du business.

Après un mot d’introduction d’Alice Guilhon, Directrice Générale de SKEMA et de Pascale Viala, Directrice du Corporate Office, Margherita Pagani, PhD, Professeur en intelligence artificielle en marketing à SKEMA, a présenté ses derniers travaux de recherche sur le thème Creating business value through human centric AI”.

Les échanges se sont poursuivis au cours de deux ateliers thématiques, “IA et Supply Chain” proposé par Maximilian Rech, directeur du MS® Manager de la Chaîne Logistique et Achats et Fabien Seraidarian, Directeur de la valorisation et directeur scientifique du Global executive MBA et, “New value creation through AI” animé par Margherita Pagani et Madeleine Martins, Directrice alumni et mécénat. Organisés sous forme de tables rondes, les participants ont pu partager leur expérience et livrer leur vision des grands enjeux à venir sur le sujet.

En voici les principales allocutions et conclusions.

Bonne lecture !

Comment créer de la valeur grâce à des systèmes d’intelligence artificielle basés sur l’humain

Keynote proposée par Margherita Pagani, PhD, Professeur en intelligence artificielle en marketing à SKEMA.

L’impact des nouvelles technologies est la plupart du temps mesuré à l’aune de la valeur économique générée. Cela se traduit ensuite en termes de productivité et d’efficacité dans les processus économiques. C’est le cas des systèmes d’IA qui permettent d’optimiser les opérations internes et externes de l’entreprise, de bénéficier d’une meilleure connaissance du client grâce à l’analyse des données ou d’améliorer les fonctionnalités des produits pour cibler de nouveaux marchés. Cependant, lorsque ces systèmes d’IA interagissent et collaborent avec des personnes pour améliorer les capacités humaines et donner plus de pouvoir à l’individu comme à la société, la valeur se crée en réalité à trois niveaux différents : éthiqueéconomique et sociétal.

Pour devenir centrés sur l’humain, les systèmes d’IA, qui reposent sur la création et l’application d’algorithmes exécutés dans un environnement informatique dynamique, doivent intégrer de nouvelles capacités traitant des valeurs humaines. Un système d’IA centré sur l’humain (« Human-Centric Artificial Intelligence » ou H-C AI) possède ainsi une dimension éthique en plus de ses fonctions techniques.

Atelier 1 – Intelligence artificielle et Supply Chain, quels outils pour quels usages ?

Les technologies ont envahi de longue date les chaines d’approvisionnement. L’intelligence artificielle compte parmi les technologies prometteuses pour imaginer des chaines logistiques plus performantes ou explorer de nouveaux modèles économiques. L’intelligence artificielle est par ailleurs une technologie facilement accessible permettant d’expérimenter même si les usages avancés nécessitent des compétences spécifiques et un apprentissage significatif.

Plusieurs cas sont ensuite discutés : Alibaba et notamment HEMA avec des questionnements sur certaines technologies comme la reconnaissance faciale, Jiang Dong dans le transport qui a introduit la livraison par drone dès 2016, LEGO qui a automatisé ses entrepôts, SAP pour illustrer la chaine d’approvisionnement en mode auto-guérison. Ces cas ont permis de caractériser le niveau de maturité des supply chain introduisant une discussion sur la self learning Supply Chain.

L’atelier « Supply Chain » a discuté les usages en croisant les regards des professionnels de multiples secteurs permettant tout d’abord d’identifier les enjeux : la distribution avec la référence que représente Amazon, la santé avec la gestion des flux de patients ou encore la gestion des pièces détachées des différentes générations de matériel de la Deutsche Bahn. La distinction des pratiques (ciblages etc..) concernant les services dématérialisés et les produits permet de catégoriser les différents usages et types de technologies.

Plusieurs sujets ont alors fait l’objet de débats.

  • Plus on s’oriente vers une intelligence artificielle forte (par opposition à une IA faible qui automatise des routines simples) plus la question de l’éthique et de la maîtrise de la décision se posent.
  • Le développement des compétences en éthique reste largement à explorer et à définir et implique de questionner les organisations.
  • Est également questionné certains usages en bout de chaines via des bots qui recherchent les meilleures offres quand d’autres empêchent d’identifier l’information pour contrer les tentatives de désintermédiation.
  • L’offshorisation qui a conduit à des délocalisations pourrait être affaibli avec les usages de l’intelligence artificielle et l’utilisation par exemple de l’impression 3D.  
  • Si l’intelligence artificielle fait le « buzz » la question des risques est grandissante : blackout, cybersécurité, protection des données… La loi européenne va mieux encadrer les usages de l’IA faisant de la réglementation une dimension structurante pour développer les supply chain et les échanges. Par ailleurs les acteurs de l’assurance vont jouer un rôle majeur pour déployer ou limiter les pratiques et technologies de l’intelligence artificielle.

En synthèse, l’introduction de l’intelligence artificielle et des technologies associées est comparable au passage de la charrette à l’automobile avec le besoin de maitrise technologique, de régulation, de risques, d’industrialisation, etc…

La bataille des talents pour développer et accéder aux compétences est déjà majeur et pour la France l’enjeu est de rester fortement reconnu pour la qualité de ses recherches et formations.

Atelier 2 -Quelle création de valeur par l’intelligence artificielle ?

Cet atelier a permis de prolonger les échanges à la suite de l’intervention de Margherita Pagani sur la création de valeur par l’intelligence artificielle dans les entreprises.

Les échanges se sont articulés en trois temps forts avec un objectif clairement défini, donner la parole aux participants présents autour de la table, recueillir, croiser, débattre de leurs expériences pour mieux identifier des problématiques transverses ou au contraire plus spécifiques aux activités et au métiers de chacun.

Nous avons commencé par un tour de table des différents cas d’usages de nos partenaires.

Une grande variété de cas ont été exposés représentant l’industrie automobile, les énergies, la finance, l’assurance ou encore le conseil financier et juridique. Les participants ont souligné que des activités moins impactées jusqu’à présent par l’intégration de l’AI dans leurs processus métiers, comme les avocats par exemple, commencent à mener des expériences de traitement massif de l’information/ jurisprudence en vue d’améliorer, automatiser et fiabiliser le conseil à leurs clients.

Comment, dans quels processus métiers et à quelles fins les entreprises intègrent-elles des solutions d’intelligence artificielle ?

Un consensus s’est dégagé, l’intelligence artificielle irrigue un très large spectre d’activités et de processus au sein des entreprises et concerne tous les secteurs d’activité via deux grands cas deux types d’usages :

  • Des usages autour des produits ou de métiers spécifiques (construction, exploitation sites et produits, développement produits, gestion de la conformité, passage d’ordres, qualification de risques, maintenance prédictive)
  • Des usages communs relatifs aux métiers transversaux (connaissance et conseil client, communication, marketing, finance, ressources humaines, etc)

Le second point de consensus dégagé par les échanges concerne les bénéfices économiques observés par les experts. L’intelligence artificielle a un impact significatif sur l’efficience des process, l’automatisation des tâches complexes, la fiabilité de l’information. Elle permet de gagner du temps et de fiabiliser les produits et services. Cela en fait un outil puissant d’aide à la décision, au conseil et à connaissance des clients.

Ces différents bénéfices pour l’entreprise sont tous en résonnance avec les 28 bénéfices détaillés plus tôt par Margherita Pagani.

En revanche, les participants ont été nombreux à souligner que les indicateurs de mesure de la création de valeur étaient encore peu nombreux.

Enfin, nous avons échangé sur les principaux défis et challenges rencontrés par les participants.

Nous en identifions trois principalement :

  • La gestion des risques avec en tête le respect scrupuleux du Règlement général sur la protection des données et les risques de cyber fraude qui font peser à la fois des risques commerciaux et réputationnels sur les entreprises,
  • Le second défi majeur et largement partagé concerne les compétences, la formation, l’appropriation et la maîtrise des outils et technologies de l’IA : l’information est encore insuffisamment traitée et sous-exploitée en raison d’un manque de maîtrise et de compréhension du potentiel des outils.
  • Enfin le dernier défi concerne la gestion du changement au sein des équipes et des organisations.

Et pour conclure, point de vue de Bernard Sinclair-Desgagné sur les enjeux éthiques de l’IA

Dans cette interview, Bernard Sinclair-Desgagné, Professeur d’économie et de responsabilité sociale des entreprises, revient sur la notion d’éthique et ses diverses acceptions puis répond à une série de questions sur la façon d’appréhender cette notion dans le domaine professionnel, sur les compétences nécessaires et sur responsabilités induites des dirigeants et managers.

L’éthique est en effet une réflexion sur les valeurs qui orientent et motivent nos actions. Cette réflexion s’intéresse à nos rapports avec autrui et peut être menée à plusieurs niveaux (philosophique, professionnel etc). Elle nous amène à réfléchir aux valeurs et aux principes moraux dans différentes circonstances, afin de s’assurer que nous agissons en conformité avec eux.

  • Comment accompagner le développement de l’activité avec l’IA tout en prenant en compte les enjeux éthiques ?
  • Quelle est l’importance de la maturité de l’écosystème avec l’IA pour mettre en place des pratiques éthiques au sein d’une organisation ?
  • Quelles sont les compétences nécessaires pour garantir le développement de pratiques éthiques ?
  • Quel type de responsabilités les dirigeants et les managers ont-ils en ce qui concerne l’utilisation de l’IA ?

Pour aller plus loin :

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse : skema-business-hub@skema.edu

Fermer le menu