Il donne une vision plus complète de l’impact environnemental, sociétal et de gouvernance d’une entreprise. Sabrina Roszak, professeur assistant de Finance et directrice de l’académie Digitalisation à SKEMA Business School, nous présente le rapport extra-financier.
Une entreprise a un impact qui dépasse largement sa création – ou destruction de valeur financière. Il suffit de penser à son empreinte environnementale, son impact sociétal et sa gouvernance. C’est là que le reporting extra-financier entre en jeu – il permet de fournir une image plus complète de l’impact d’une entreprise.
On parlera tantôt de rapport extra-financier, tantôt de rapport ESG (Environnement, Social et Gouvernance) ou encore de rapport RSE (Responsabilité Sociale d’Entreprise).
Le rapport extra-financier est une communication périodique officielle – en général annuelle – qui sert à montrer comment une entreprise comprend et gère son impact environnemental et social sur ses parties prenantes clés afin de créer une valeur ajoutée pour ces dernières.
Une évolution internationale
La production de rapport extra financier est longtemps restée une initiative volontaire, aux méthodes parcellaires. Ces dernières années, de nombreuses initiatives ont émergé pour tenter de cadrer ces initiatives, au point de créer la « soupe de l’alphabet ESG ».
Dans les années 90-2000, deux cadres se sont particulièrement démarqués sur la scène internationale :
- Le Global Reporting Initiative (GRI) : organisme mondialement reconnu qui donne des lignes directrices pour aider les entreprises à produire des rapports extra-financiers.
- Le Carbon Disclosure Project (CDP) : qui aide les entreprises à mesurer leur empreinte carbone.
En parallèle, la Commission européenne est également devenue un acteur majeur du paysage réglementaire en matière de reporting extra-financier. Dès les années 2010, elle a introduit une nouvelle directive appelée la Non-Financial Reporting Directive (NFRD), avec pour objectif de rendre les entreprises plus transparentes en matière de développement durable.
Aujourd’hui, deux initiatives majeures se démarquent et tentent d’imposer leurs standards de reporting extra-financier :
- D’un côté, l’Europe qui a lancé la Corporate Sustainability Reporting Directive, la fameuse CSRD, une mise à jour de la NFRD qui impose de nouvelles normes.
- De l’autre, un groupe d’acteurs privés, principalement américains, a commissionné l’IFRS Foundation pour élaborer leurs propres normes extra-financières.
Trop complexe
Cette complexité est risquée. A cause d’elle, les entreprises pourraient être moins engagées dans l’élaboration et la publication de ces rapports et pourraient se contenter de faire le strict minimum.
L’autre risque réel, c’est le détournement des ressources internes – initialement dédiées à l’intégration de la RSE dans les pratiques opérationnelles – au profit des exigences réglementaires ! Si les entreprises passent trop de temps à produire des rapports et moins à agir concrètement, l’objectif premier de ces reportings – à savoir sensibiliser les entreprises et les inciter à agir pour le climat – est perdu.
Vers des normes unifiés
Heureusement, les acteurs majeurs du paysage du reporting extra-financier semblent avoir vraiment pris conscience des défis que tous ces cadres représentent pour les entreprises. C’est pourquoi ils travaillent à rendre leurs normes interopérables, pour permettre aux entreprises d’optimiser leurs efforts et de trouver des synergies entre les différents rapports extra-financiers.
Pour simplifier les choses, la Commission Européenne et le GRI ont par ailleurs annoncé une collaboration dès 2023 ; c’est également chose faite entre GRI & ISSB depuis Mai 2024 !
Vidéo réalisée en partenariat avec la FNEGE.
A voir aussi : Qu’est ce que le rapport intégré ?