Le SKEMA Business Day était de retour le 20 octobre dernier. Pour sa deuxième édition, il a réuni toujours plus de cadres dirigeants des entreprises partenaires autour d’une question de gouvernance essentielle : comment développer les compétences nécessaires à la transformation des entreprises dans un contexte mouvant. Cette matinée d’échanges a donné matière à réflexions et permis la révélation en exclusivité du premier Baromètre SKEMA x EY sur « les aspirations professionnelles des jeunes talents ».
« Que voyez-vous ? » Les regards se posent sur une photo projetée dans la salle et les réponses des cadres dirigeants partenaires du SKEMA Business Hub commencent à fuser : « des arbres », « un chemin », « un bonnet rose ». L’appréhension du visuel est d’abord descriptive puis elle se fait analytique : « deux personnes qui marchent ». On avance et elle devient systémique, on imagine que les deux personnes marchent ensemble et que l’une d’elles s’adapte au pas de l’autre. Et puis entre en scène la dimension symbolique, personne dans la salle n’est touché de la même façon par le cliché : pour certains, il est source d’espoir, pour d’autres d’incertitude. On entre alors dans une cinquième dimension, on observe à nouveau la photo et on perçoit la réalité comme une construction sociale : pourquoi ces deux personnes se sont-elles retrouvées sur ce chemin ? Et enfin, on interprète : « je nous vois ma mère et moi quand on va se promener le dimanche. »
« Si 70% des transformations d’entreprises échouent, s’il y a une résistance au changement, reprend Fabien Seraidarian, directeur de la Valorisation de la Recherche de SKEMA Business School, c’est parce que l’organisation n’a pas été envisagée sous toutes ces dimensions. Être capable de la considérer à travers ces différents niveaux de causalité aide à aborder sa complexité. »
Un baromètre exclusif sur « les aspirations des jeunes talents »
C’est pour accompagner dans cette démarche les managers des entreprises partenaires que nous avons choisi de consacrer ce SKEMA Business Day à « The Future of Work : quelles perspectives et quels impacts pour les organisations ? » Une réflexion pleine de dimensions qui méritait d’être envisagée sous différents points de vue : celui de l’entreprise, celui de la recherche et celui des futurs professionnels.
À commencer par ces derniers ! Dès le début de la journée, les managers présents ont pu découvrir en exclusivité les premiers résultats du baromètre SKEMA Business School x EY, réalisé par Opinionway, sur « les aspirations des jeunes talents ». Plus de 1 400 étudiants français et internationaux, de nos 9 campus répartis sur 5 continents, ont répondu à cette large consultation, spécialement réalisée pour l’occasion. Un dossier détaillé vous sera bientôt remis à son sujet, mais Patrick Vincent-Genod, associé chez EY, et Amine Ezzerouali, professeur et chercheur en gestion des organisations à SKEMA, en ont présenté les grandes tendances devant l’assemblée.
Les jeunes talents d’aujourd’hui sont la génération « en même temps ». Une génération qui a besoin de cohérence. « Aujourd’hui, on cherche un package cohérent, a expliqué Amine Ezzerouali. Les talents sont à la fois à la recherche de sens dans le travail, d’un travail qui est utile à la société et en même temps d’une ambiance de travail qui favorise l’épanouissement. Ils ne font plus de compromis par rapport à ce contrat psychologique entre employés et employeurs. » Ces jeunes « considèrent qu’on peut être à la fois utile dans sa vie professionnelle et dans sa vie personnelle », a ajouté Patrick Vincent-Genod, « ils veulent à la fois un métier qui a du sens et une rémunération élevée ».
Ces jeunes talents, qui ont pourtant connu plusieurs crises, dont le confinement, sont d’ailleurs « raisonnablement confiants » de pouvoir concilier les deux, selon l’associé chez EY. « Ils ne sont pas naïfs et savent que ça peut bouger rapidement dans le contexte actuel, a précisé Amine Ezzerouali, ils savent aussi qu’en tant qu’étudiants SKEMA leur employabilité sur le marché est meilleure que la moyenne. » Mais cet optimisme est bien identifié : « quand on regarde ce qui les rend confiants, c’est un mélange de savoir-être, de savoir-faire et de parcours académique, note Patrick Vincent-Genod. La qualité de leur formation est très présente dans les verbatims ». Ce qui les rend en même temps très exigeants vis-à-vis de leur futur employeur. S’ils ont conscience qu’ils vont devoir faire leur preuve, ils réclament en échange de la considération, de la bienveillance et un environnement sain. « Dès qu’un élément sur l’éthique ou l’équilibre de vie n’est pas rempli », le risque de voir le talent quitter l’entreprise est important, a insisté le professeur de SKEMA.
Ce besoin de socialisation et d’accompagnement se retrouve dans leur rapport au télétravail. La grande majorité le considère comme acquis, sans vouloir en faire la norme. « Nos étudiants ont commencé à adopter des tactiques pour socialiser au sein des entreprises dans lesquelles ils étaient en stage, a même complété Amine Ezzerouali. Malgré la possibilité de faire du télétravail, ils ont spontanément décidé d’être présents tous les jours pendant les premiers mois. »
Diversité, télétravail, féminisation dans le digital : les nouvelles transformations
Pour eux comme pour nous, la présence compte parce qu’elle permet de se rassembler. À la suite de la présentation du baromètre, deux ateliers interactifs étaient proposés à nos partenaires : le premier sur la gestion de nouvelles transformations comme le télétravail ou la féminisation dans le numérique ; l’autre sur l’appréhension de la diversité au sein de l’entreprise. Des facteurs de changement, pas toujours simples à négocier.
Dans chaque salle, des petits groupes se forment et on pose les règles du jeu : « 12 minutes pour réfléchir ensemble autour d’une question et ensuite on change de table. » Spontanément, les liens se créent, on se présente et on commence à discuter. Sur « de grands post-it » scotchés aux vitres, face à la Seine, les managers résument leurs échanges. « Vous voulez peut-être écrire ? Moi j’écris mal, j’aurais pu être médecin. » Les mots « richesse », « complémentarité », « créativité », « adaptation » apparaissent en liste sous « Comment je perçois la différence ? ». La valse des groupes se fait, sous le regard de nos chercheurs. « Parfois, je pense qu’à capacités inégales, on devrait quand même favoriser quelqu’un qui fait partie d’une minorité », ose un participant. « Ce qui me dérange, ce sont les systèmes de quota », lui répond son homologue du jour. Et quelques mètres plus loin : « Vous savez dans les métiers genrés… » commence une partenaire. « Qu’est-ce que c’est un métier genré ? », l’interrompt son compagnon de discussion. « Ben vous savez, les métiers masculins. » On se parle franchement mais avec bienveillance. Et puis on restitue.
Co-construire les réponses de demain aux défis d’aujourd’hui
Atelier 1 : la gestion de nouvelles transformations comme le télétravail ou la féminisation dans le numérique
Du premier atelier se dégagent des obstacles rencontrés :
- La difficulté de recruter des femmes dans certains secteurs (l’automobile notamment), des hommes dans d’autres (le luxe en particulier)
- Le télétravail est porteur d’inégalités entre les employés (conditions de vie, éloignement géographique, maîtrise de la technologie)
- La problématique d’une doctrine générale pour réguler le télétravail
- L’intrusivité du télétravail
Des constats de changement apparaissent aussi :
- Depuis le confinement, les collaborateurs sont plus exigeants sur les raisons qui les poussent à se déplacer : le présentiel oui, mais seulement s’il est utile.
- La nécessité de se voir quand même régulièrement pour sociabiliser et rendre le télétravail possible
Atelier 2 : diversité et inclusion au sein des entreprises
L’atelier sur la diversité commence par des constats :
- « Beaucoup de stéréotypes » subsistent encore dans l’entreprise
- Certains stéréotypes sont alimentés par les moyens mis en place pour lutter contre : affichage de la répartition femmes/hommes par grade dans l’entreprise
- Lancement de programmes genrés
- « Sursollicitation » des employés sur ces sujets qui « accroît le rejet »
- Mesurer la diversité n’est pas toujours possible
- Les lois en la matière sont parfois un accélérateur d’inclusion et parfois un frein à la mesure de la diversité
Des propositions et solutions se font jour :
- Communiquer moins mais mieux
- Adopter un management souple et l’adapter à la situation
- Mettre en place des chartes
- Parrainer des jeunes scolarisés dans des lieux où ils sont moins prédisposés à faire une grande école
- Privilégier les compétences
- Des plans d’action globaux et non genrés
- Prendre le temps de s’intéresser à ces questions, même quand on ne l’a pas
« Dans le cas d’un changement émergent, on est sur des sujets qu’on ne peut pas appréhender rapidement, disait Fabien Seraidarian en début de matinée. Lorsqu’on n’est pas capable de définir l’objet du changement dès le départ, on peut déjà se mettre en mouvement, explorer des pistes et les premiers résultats vont permettre de mettre en œuvre une action, on avance par petits pas et on fait le deuil d’une forme d’intention stratégique. C’est là que le changement devient construction sociale. Ce n’est pas toujours évident, c’est renoncer à être un chef qui sait exactement où emmener ses troupes, ça invite à la collaboration, à la transversalité, tout ce qui finalement est en train de se jouer aujourd’hui. » Dans un tel cadre en mouvement, « la réalité organisationnelle de chaque entreprise va émerger au fil du temps, reprend le spécialiste en transformation d’entreprise. Les compétences, digitales par exemple, vont donc venir se nourrir de ces nombreux facteurs de contingence. On a alors besoin de réflexivité et de déterminer comment ces compétences vont pouvoir se matérialiser. »
Le SKEMA Business Hub est une « co-construction avec nos chercheurs », selon les mots de Pascale Viala, directrice du Corporate Office. « Nous sommes là pour vous nourrir, vous accompagner dans la transformation de vos équipes et de votre entreprise. »
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse : skema-business-hub@skema.edu