Comme dans d’autres secteurs, la transition écologique, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et le développement durable questionnent aujourd’hui les banques sur leur mode de gestion et leur prise en compte des normes morales et éthiques. En tant qu’intermédiaires financiers, les banques sont ainsi appelées à faire davantage d’efforts pour intégrer les pratiques environnementales et sociales dans le pilotage de leur modèle économique.
Cette prise en compte conduirait notamment à la stabilité bancaire. C’est ce qui ressort de notre travail de recherche publié récemment dans la revue Economics Bulletin, qui examine une zone presque inexplorée de l’interaction entre la durabilité et la stabilité des banques européennes.
L’ampleur et la récurrence des crises financière, économique et aujourd’hui sanitaire ont mis en évidence les imperfections de l’activité bancaire et sa fragilité. La détérioration de la réputation, ou encore la croissance des prêts non performants, constituent quelques conséquences parmi d’autres des maux dont souffre le secteur bancaire dans de nombreux pays.
Le contexte européen n’est pas à l’abri de ces phénomènes, comme le montrent l’ampleur des prêts non performants (en moyenne, 5 % du total des prêts en 2017) ainsi que les mesures plus restrictives adoptées par l’Union européenne depuis 2008 pour renflouer les banques en difficulté.
Réduction du risque
Cette fragilité incite aujourd’hui les banques à s’engager dans des activités de développement durable puisque, comme le montrent nos résultats, les différentes dimensions environnementales, sociales et de gouvernance ont un impact positif et significatif sur la stabilité bancaire.
Comment l’expliquer ? Tout d’abord, l’engagement vers des modèles plus durables constitue un moyen efficace d’acquérir une légitimité sociale et d’améliorer ainsi leur réputation.
En conséquence, les banques durables peuvent favoriser la conclusion de contrats plus efficaces avec les clients et les autres parties prenantes, c’est-à-dire en considérant l’ensemble des acteurs qui interagissent avec les banques. En effet, les banques qui contribuent à la société bénéficient d’un meilleur pouvoir de négociation fondé sur une confiance mutuelle.
En réduisant ainsi le risque financier, les banques apparaissent donc mieux à même d’absorber les chocs et de réduire le risque d’insolvabilité.
En outre, la mise en œuvre d’initiatives RSE contribue à la stabilité en donnant un sentiment de sécurité. Les banques apparaîtront comme moins enclines à sortir de leur zone de confort pour investir dans des pratiques avant tout responsables.
Effet d’entraînement
Se concentrer seulement sur les résultats et le rendement des investissements, comme elles le pratiquent en général actuellement, peut certes protéger les banques sur le court terme.
Cependant, ces dernières doivent se demander si cette vision est vraiment suffisante et garantie sur le long terme. À la lumière de nos résultats, la crise actuelle peut être vue comme un nouvel encouragement pour les banques à s’engager dans des activités de développement durable.
Face à l’importance des crises contemporaines, nous recommandons d’en tirer des leçons pour nos banques et de commencer une vraie mutation des modèles bancaires. Il importe qu’elles soient basées sur les principes de la durabilité, à condition toutefois de dépasser le simple habillage RSE.
De plus, les banques peuvent jouer un rôle fondamental dans l’intégration de la culture du développement durable dans l’état d’esprit de l’entreprise. Le secteur bancaire peut donc contribuer à faire face aux nouvelles exigences économiques pour parvenir à une croissance durable.
Bref, un système bancaire sain et réputé assure, par un effet d’entraînement, la stabilité de la société. Il est donc essentiel à la prospérité durable des entreprises et des autres secteurs d’activité.
Leur engagement contribuera à une amélioration indispensable de nos systèmes financiers afin d’avoir des banques dignes des défis du développent durable et de la transition écologique de ce XXIe siècle.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.