Il « arrive bien évidemment à chacun de réfléchir spontanément sur sa pratique, mais si cette mise en question n’est ni méthodique, ni régulière, elle ne mène pas nécessairement à des prises de conscience et à des changements ».
Perrenoud, P. (2001). Développer la pratique réflexive dans le métier d’enseignant – Professionnalisation et raison pédagogique. Paris : ESF.
Forger le SKEMA Way of Learning (SKWoL) constitue pour les cinq ans à venir une priorité stratégique pour poursuivre la mission de SKEMA. S’engager dans l’élaboration de cette méthode d’enseignement « propriétaire » a pour ambition de transformer les modèles pédagogiques de SKEMA. En réinventant notre système d’apprentissage, la faculté de SKEMA donne d’abord les moyens aux apprenants de faire face à un monde complexe (plus largement VUCA) notamment en dépassant les disciplines de gestion et du management et en se mettant en situation pour se confronter au réel, développer une posture critique et ses aptitudes. Mais il faut aller au-delà pour s’attaquer à l’essentiel : se doter de « l’équipement » pour façonner plutôt que subir l’environnement, bâtir de nouvelles réalités durables et in fine conjuguer ses aspirations personnelles avec un projet professionnel.
Pour ouvrir cette rubrique « Apprendre Autrement » qui croise les initiatives et les innovations pédagogiques, retour sur la genèse de cette ambition.
COTE DISCOURS …
Dépasser la crise de légitimité des business schools
Les critiques à l’égard des business schools sont récurrentes et se font davantage entendre depuis la crise financière de 2008. A cela s’ajoutent des enjeux majeurs (développement, démocratisation et droits de l’homme, accès aux soins, éducation, etc…) mais également d’autres questions sociétales comme la préservation de l’environnement ou la justice et la cohésion sociale (cf. la place occupée désormais par la montée des inégalités) pour faire société. Quelle posture pour les business schools ? S’agit-il de s’en remettre seulement à la question de la performance souvent décriée ? Quelle légitimité alors pour apporter une contribution valide à ces questions ? Au-delà, quelles responsabilités pour les institutions d’enseignement supérieur et de recherche et en particulier les business schools ?
A l’origine les business schools constituaient une arme morale contre la corruption et la cupidité qui caractérisaient le capitalisme sauvage du début du XXe siècle. Qu’en est-il aujourd’hui ? Avec récurrence les business schools sont pointées du doigt via des tribunes médiatiques souvent virulentes, mais également des enseignants chercheurs qui en font un objet de recherche. C’est tout à la fois la raison d’être, le positionnement et le modèle pédagogique qui semblent devoir être réinterrogés pour guider l’action individuelle et collective. Comment ne pas encourager la pensée de court terme ou sous contraintes et faire reculer les égoïsmes ? Comment conjuguer les intérêts particuliers avec l’intérêt général difficile à expliciter dans un monde global et complexe ?
Relever les défis de l’apprentissage
La génération Y rassemble la population née entre 1980 et 1995. C’est la génération des « digital natives » ou Millenials qui ont grandi au rythme du réseau internet et avec le développement des différentes interfaces des ordinateurs portables aux tablettes et smartphones qui donne accès en temps réel à l’information et à la connaissance. Avec la génération Z qui réunit les personnes nées après 1995 de nouveaux enjeux émergent : appelée aussi génération C (Communication, Collaboration et Création) ces étudiants ont grandi avec les technologies, mais surtout avec le Web 2.0 connectés en permanence et partageant leur vie personnelle et/ou professionnelle sur les réseaux sociaux.
Les théories de l’apprentissage connaissent depuis plus de cinquante ans des développements majeurs qui font écho aux enjeux d’apprentissage de ces nouvelles générations. Sur le plan pédagogique le défi à relever vise à passer d’une approche behaviouriste centrée sur les comportements à une perspective socio-constructiviste qui fait du développement cognitif le résultat de l’apprentissage social et culturel. C’est cette mutation des dynamiques d’apprentissage qui rend obsolète le modèle historique centré sur l’enseignant transmettant ses connaissances le plus souvent en présentiel en réponse aux questions qu’il aura le plus souvent défini.
COTE METHODE…
Une nouvelle ambition pour l’apprentissage à SKEMA : « devenir auteur »
Que recouvre le SKEMA Way of Learning ? C’est à la fois une démarche pédagogique faisant de l’innovation une culture commune au sein de la faculté et un ensemble de convictions et de choix quant aux finalités de l’expérience étudiante proposée par SKEMA. Les nouvelles pratiques pédagogiques (active learning, hybridation, introduction de l’intelligence augmentée etc,…) à agencer au sein des cours et des programmes encouragent l’étonnement, l’engagement ou encore la convergence des savoirs (consilience).
Le SKEMA Way of Learning propose aux apprenants de façonner leur rapport au monde, c’est-à-dire de réconcilier leurs aspirations, leur élan entrepreneurial, ou encore leur engagement citoyen avec une inscription dans la société et un parcours professionnel stimulant. C’est dans cette perspective que SKEMA a défini une nouvelle ambition pour son modèle pédagogique : « devenir auteur » c’est-à-dire réinventer l’expérience des apprenants et leur donner « l’équipement » nécessaire pour faire sa place dans la société.
Apprendre Autrement : un carrefour pédagogique pour partager les pratiques et les projets de SKEMA et engager le dialogue
Si la pédagogie désigne l’art de transmettre une compétence, définir une pratique pédagogique n’est pas intuitif puisqu’elle relève du talent de chaque enseignant. En proposant la rubrique « apprendre autrement », le site Knowledge de SKEMA affirme la responsabilité des professeurs et l’importance des choix pédagogiques dans la construction de l’expérience étudiante.
Cette rubrique propose de partager les pratiques et les points de vue des enseignant chercheurs de SKEMA. Loin d’une approche réifiée de la pédagogie, c’est la diversité et la créativité des approches qui dominent pour tester, improviser, bricoler afin de créer les agencements qui répondront aux spécificités du public étudiant. Et en racontant ces pratiques via un récit, du scribing ou encore un wébinaire, elles deviennent explicites pour donner un élan à chacun afin d’explorer davantage, incarner le SKEMA Way of Learning et répondre à l’engagement pris par SKEMA vis-à-vis des étudiants et apprenants.
Bonne lecture !