Pour de futurs juristes ou avocats, mieux vaut prendre conscience le plus tôt possible de la responsabilité de ses écrits. Pour ce faire, Hélène Tostain, professeur d’Anglais à SKEMA Business School a demandé à ses étudiants d’écrire et de publier des articles sur un sujet particulièrement délicat : l’avortement. Recherches, débats entre étudiants, création d’un blog, organisation d’expositions et d’une conférence… La pédagogie inversée encadrée par la direction Innovation et Learner experience de SKEMA a permis aux étudiants de prendre des initiatives et de développer leurs capacités à travailler en groupe, qui plus est dans une langue étrangère et dans un cadre limité par la forme et le temps.
Le rêve américain. J’ai souvent entendu cette expression. Je me suis demandé si les jeunes étudiants aujourd’hui avaient encore ce rêve. Ce rêve, pour le dire en quelques mots, c’est un idéal de démocratie et de liberté.
Mais en juin 2022, après la décision de la Cour suprême des Etats-Unis de revenir sur le droit à l’avortement, ce rêve s’est un peu assombri. Cela a été l’élément déclencheur du projet que nous avons mené avec les étudiants du Master 1 de Droit des Affaires (DDA) de SKEMA Business School, dirigé par Isabelle Bufflier.
Les étudiants en scène
L’avortement est un sujet clivant. Au moment même où la France réfléchissait à inscrire le droit de recourir à l’IVG dans sa constitution, la Cour suprême des Etats-Unis revenait, au contraire, sur ce droit pourtant fondamental et consacré en 1973 par un arrêt Roe vs Wade. Ce paradoxe, par sa complexité juridique, morale et culturelle, était le sujet d’étude idéal de mes élèves, en tant que professeur d’anglais à SKEMA.
Je suis franco-américaine et donc d’autant plus concernée. J’ai décidé d’accompagner les étudiants et de leur apporter ma connaissance des institutions américaines. Dans un but : rédiger un article en anglais sur le sujet.
Lisez l’article d’Adam Ouayda, acteur du projet :
L’avortement au Moyen-Orient, ce n’est pas qu’une question de religion
Le projet s’est parfaitement inscrit dans le SKEMA Way of Learning (SKWoL), une pédagogie inversée qui rend les étudiants auteurs de leur apprentissage. Pendant un semestre, je les ai coachés. Tout a commencé par des recherches, pour choisir l’angle qui les intéressait. Je les ai ensuite conduits à faire de courtes présentations, par petits groupes, pour éveiller leur esprit critique. Je souhaitais qu’ils se nourrissent de leurs feedbacks respectifs, le tout dans un cadre contraint, dans la forme comme dans le temps, élaboré avec l’aide des ingénieurs pédagogiques de SKEMA.
Des articles, mais pas que…
L’intervention de la direction Innovation & Learner experience de SKEMA a été l’une des étapes clés de leur apprentissage et de leur perfectionnement en matière de recherche juridique et de référencement. C’est indispensable, tout spécialement pour des élèves juristes, notamment pour ceux qui seront avocats. Ils devaient prendre conscience que leurs écrits peuvent engager leur responsabilité civile et pénale. Ils ont dû apprendre à analyser, vérifier et citer leurs sources avec beaucoup d’attention.
Vingt-trois articles sont nés de ce projet. Pour les héberger, nous avons conçu un blog dédié avec les étudiants. Mais nous avons aussi souhaité les valoriser autrement. Nous avons créé une exposition digitale et physique pour partager nos recherches et articles avec la communauté SKEMA. Cette exposition, nous l’avons inaugurée lors de la semaine consacrée aux droits des femmes en mars. Et nous l’avons adossée à une conférence organisée avec l’association HeForShe de SKEMA et avec la Fondation des femmes. Les élèves ont eu l’opportunité de « pitcher » leurs sujets et ont pu débattre avec des invités, comme une représentante du planning familial de Lille et une avocate spécialisée. La particularité de cette expo, visible sur nos campus de Lille et de Sophia Antipolis, c’était le fait d’y intégrer des QR codes qui renvoyaient vers les articles du blog.
Un projet global
Ces articles ne sont pas des éditos, ils ne sont pas voués à exprimer une opinion, ce sont des articles informatifs. Les thèmes abordés sont très variés, de l’accès à l’avortement aux questionnements religieux qu’ils suscitent, du choix de vivre ou de mourir à la place de la constitution américaine et de ses amendements dans le monde d’aujourd’hui.
Cela a été un projet global qui a toujours mis les élèves au centre de façon proactive. Les rendre responsables et décideurs leur a donné l’envie de s’impliquer et de co-construire. En leur laissant le choix, en leur donnant le pouvoir de décider ensemble, ils ont dû être à l’écoute les uns des autres, s’intéresser au sujet de leurs camarades, apprendre à utiliser des outils de recherche et s’entraider.
Un tel projet se construit sur plusieurs mois, et c’est justement le fait de réaliser un projet de cette ampleur, dans la durée, qui a passionné les élèves. Ils sont devenus plus responsables, plus autonomes, et en ont ressenti une grande fierté, tout comme nous. Pour ce projet, nous avons reçu, Isabelle Bufflier et moi, le prix d’Innovation pédagogique de SKEMA.
Vidéo réalisée en partenariat avec la FNEGE.
